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Perspectives d’experts : Soutenir sa santé mentale en situation d’infertilité

Perspectives d’experts : Soutenir sa santé mentale en situation d’infertilité


L’infertilité touche plus de personnes que l’on pourrait le croire, et le fardeau émotionnel peut être accablant.

En cette Semaine de sensibilisation à la fertilité, il importe de reconnaître que l’infertilité n’est pas qu’un trouble de santé; il s’agit d’une expérience très personnelle qui peut toucher la santé mentale, les relations et le bien-être en général. La Dre Marie-Alexia Allard, psychologue clinicienne spécialisée en fertilité et en soins périnataux, explore les émotions complexes qui accompagnent l’infertilité et le stress des traitements. Elle propose des solutions pour faire preuve d’autocompassion et obtenir du soutien durant ce parcours.

Que vous viviez une situation d’infertilité ou que vous souteniez une personne dans cette situation, vous saurez trouver dans cet article des conseils et des stratégies pour vous aider à affronter les difficultés.


L’infertilité est définie par l’Organisation mondiale de la santé comme une maladie du système reproducteur masculin ou féminin et comme l’incapacité à concevoir après 12 mois à 24 mois de relations sexuelles régulières sans contraception ou encore à mener une grossesse jusqu’à son terme. L’infertilité primaire est l’incapacité à concevoir, tandis que l’infertilité secondaire est l’incapacité à concevoir de nouveau alors qu’une ou plusieurs grossesses antérieures ont permis la naissance d’un enfant. L’infertilité est un enjeu de santé publique majeur qui touche environ 1 couple sur 6 au Canada.

À noter que l’infertilité dite « sociale » se définit comme l’impossibilité de concevoir biologiquement en raison de son statut relationnel (par exemple : femmes célibataires ou couple du même sexe).

Les causes de l’infertilité

L’infertilité est attribuable autant à la femme qu’à l’homme. Environ 45 % des cas d’infertilités sont causés par des facteurs masculins comme la mauvaise qualité des spermatozoïdes, l’absence ou le faible taux de spermatozoïdes ou encore un dérèglement hormonal. Une proportion similaire des cas d’infertilités sont causés par des facteurs féminins comme l’âge, les dysfonctions ovulatoires, la ménopause précoce ou encore les problèmes d’origine pelvienne (par exemple : endométriose obstructions tubaires), et environ des cas d’infertilité restent inexpliqués, c’est-à-dire que les résultats aux différents tests médicaux ne révèlent pas de problème particulier.

Les cas d’infertilité ont doublé depuis 1980. Cette hausse de l’infertilité s’explique notamment par le recul de l’âge à la parentalité, par le mode de vie et l’exposition à des facteurs environnementaux.

Le désir de parentalité

Les raisons qui poussent les individus à prendre la décision de devenir parent et de fonder une famille sont multiples : le désir de renforcer le lien amoureux, de vivre l’expérience de la grossesse, de transmettre ce que l’on a reçu, d’aider un être humain à grandir et à s’épanouir, de perpétuer des traditions familiales ou encore de transmettre son héritage génétique.

Le désir d’être parent, que l’on soit en couple ou célibataire, fait très souvent partie des idéaux de vie de nombreux êtres humains. C’est un désir décrit généralement comme fort, puissant et profond.

Dans son livre « Vivre avec l’infertilité », Susan Bermingham écrit : « Il est [donc] légitime en plus d’être normal et fort banal, de désirer donner naissance et de se sentir amputé d’une partie de soi-même quand on ne peut pas engendrer ».

 

L’infertilité peut entraîner une situation de crise et réveiller des questionnements identitaires et existentiels : Qu’allons-nous faire de notre vie si nous ne sommes jamais parents?

Vivre avec l’infertilité

L’infertilité peut entraîner une situation de crise et réveiller des questionnements identitaires et existentiels : Qu’allons-nous faire de notre vie si nous ne sommes jamais parents?
L’infertilité est souvent décrite comme une épreuve déstabilisante, car elle bouleverse les projets de vie. Personne ne s’imagine devoir passer par un parcours ponctué d’examens, de tests et de traitements médicaux pour devenir parent!

Bien que les techniques de PMA (procréation médicalement assistée) redonnent beaucoup d’espoir aux couples et aux individus qui y sont confrontés, elles peuvent s’avérer éprouvantes physiquement et les confronter à des émotions difficiles et des deuils multiples. Les couples et les individus confrontés à l’infertilité décrivent le recours aux techniques de procréation médicalement assistée comme une série de « montagnes russes émotionnelles » à traverser. Ils vivent une diversité d’émotions allant de la tristesse, à la culpabilité en passant par la colère, l’impuissance, l’incompréhension et le sentiment d’injustice, et souvent une diminution de l’estime de soi. À ces sentiments s’ajoutent des moments de joie, d’espoir et de confiance en l’avenir.

Ces émotions sont légitimes et normales, mais leur alternance peut être épuisante et avoir des répercussions sur le fonctionnement des femmes et des hommes sur le plan conjugal, social et professionnel. En effet, les couples peuvent vivre un décalage dans leurs façons de vivre l’infertilité et le recours aux traitements de PMA, ce qui est normal, mais qui peut mettre à rude épreuve leur relation. Les amis et les membres de la famille peuvent être maladroits et ne pas bien comprendre ce que vivent les individus confrontés aux difficultés à concevoir un enfant. La vie professionnelle peut être compliquée lorsqu’il faut s’absenter pour les traitements, se justifier auprès de l’employeur et rattraper les heures manquées.

La peur du jugement devient aussi un lourd fardeau chez les personnes qui suivent des traitements d’aide à la fertilité.

Voici quelques conseils pour vous aider dans votre parcours et vous apporter du soutien :

  • Renseignez-vous auprès de sources fiables et de professionnels de la santé de confiance. Cherchez de l’information auprès de sources fiables et du personnel médical en qui vous avez confiance.
  • Faites part de votre expérience à vos amis ayant vécu des difficultés similaires pour obtenir du soutien. Cela pourrait vous aider à vous sentir écouté et soutenu. Vous pouvez également partager votre expérience dans des groupes sociaux destinés aux personnes ayant de la difficulté à concevoir.
  • Accordez-vous des pauses : c’est à chacun de trouver son rythme durant le processus. Beaucoup de femmes et de couples ressentent un sentiment d’urgence qui est légitime, mais qui ne permet pas toujours de se donner l’espace pour vivre ses émotions, pour réfléchir aux démarches entreprises et pour faire le point de là où chacun en est.
  • Consultez un professionnel : l’accompagnement psychologique peut vous permettre de trouver une écoute compréhensive, bienveillante et de réfléchir des façons de mieux vivre les traitements, de mieux gérer le stress qui y est associé et de trouver un équilibre entre la place que prennent les traitements et les autres projets de la vie.
  • Soyez bienveillant envers vous-même : reconnaissez que l’infertilité et les traitements d’aide à la fertilité peuvent provoquer beaucoup de stress. Ressentir une variété d’émotions s’avère tout à fait normal.
  • Soyez indulgent envers vous-même et donnez-vous le droit de vivre vos émotions, de trouver le parcours difficile, d’être découragé. Personne ne traverse l’infertilité avec un grand sourire et sans aucun stress! Beaucoup de patients et patientes craignent que le fait de vivre leurs émotions puisse avoir un impact sur les chances de réussite des traitements. Or aucune étude à ce jour ne démontre de tels liens de causalité.
  • Prenez soin de vous : faites de vous-même votre priorité en vous accordant des petits plaisirs de la vie quotidienne : lire, écouter de la musique, jardiner, faire une randonnée, aller magasiner, faire du sport, etc.
  • Mettez des limites, c’est-à-dire donnez-vous le droit de ne pas aller à toutes les rencontres de famille durant lesquelles sont souvent posées des questions sur les enfants. Un couple en âge de procréer et qui n’a pas d’enfant fait toujours l’objet de questionnements! Préparer ses réponses à ce genre de questions peut-être aidant et éviter d’être déstabilisé lors des réunions familiales.

 

Changez-vous les idées pour vivre des moments d’apaisement :

  • Favorisez les activités relaxantes comme le yoga, la méditation et les techniques de respiration comme la cohérence cardiaque. Vous pouvez aussi trouver des applications de méditation pour vous guider.
  • Ayez d’autres projets positifs et stimulants pour retrouver un sentiment de contrôle sur d’autres aspects de votre vie

L’infertilité peut être un parcours fort en émotions, mais le bon soutien peut tout changer! Vous voulez permettre à vos employés et à vos membres de profiter de ressources dirigées par des experts dans le domaine de la santé mentale et de la fertilité? LifeSpeak aide les organisations et les régimes de santé à offrir du soutien fiable et à la demande pour gérer les difficultés de la vie avec assurance. Demandez une démonstration pour en savoir plus.

 

À propos de l’auteure : Dre Marie-Alexia Allard, psychologue

supporting mental health through infertilityLa Dre Marie-Alexia Allard est psychologue clinicienne spécialisée en fertilité, en santé mentale périnatale et en parentalité. Elle a obtenu son doctorat en psychologie clinique à l’Université de Montréal et a effectué des études postdoctorales à l’Université du Québec à Montréal. Membre de l’Ordre des psychologues du Québec depuis 2012, la Dre Allard consulte pour des cliniques de fertilité à Montréal et enseigne à l’Université du Québec à Montréal. Elle offre un soutien psychologique aux personnes et aux couples en situation d’infertilité, de procréation médicalement assistée et de perte périnatale, ainsi qu’aux personnes qui souffrent d’anxiété ou de dépression pendant la grossesse et le post-partum.