Question:
Je résiste au « retour à la normale » que tout le monde semble rechercher et j’évite tout type de socialisation par crainte de la COVID. Je serais parfaitement heureux de m’isoler, de maintenir les mesures de distanciation physique et de réduction de la capacité d’accueil des lieux, et de porter un masque à vie. Mais j’ai peur de me mettre à dos mes amis proches et ma famille. J’ai besoin de quelques conseils sur la pensée positive pour m’aider à gérer ma peur et trouver un équilibre dans ma vie.
Janna Comrie:
Votre déclaration selon laquelle vous êtes « parfaitement heureux de m’isoler, de maintenir les mesures de distanciation physique et de réduction de la capacité d’accueil des lieux, et de porter un masque à vie » m’amène à me poser quelques questions… Pourquoi en est-il ainsi pour vous? Est-ce que vous ne preniez pas du plaisir à socialiser avant la pandémie et, si non, pourquoi donc? Avez-vous l’impression que les personnes de votre entourage sont critiques ou intrusives de quelque façon que ce soit? Avez-vous peur de tomber malade? Je pense qu’il serait vraiment utile de comprendre pourquoi vous ressentez cela. Il est bon de « rester positif », mais si quelque chose se dissimule derrière ces sentiments, le fait de rester positif et de ne pas respecter vos sentiments ne peut qu’empirer les choses. Je vous suggère même de consulter un professionnel de la santé mentale le temps de quelques séances pour vous aider à comprendre pourquoi vous vous sentez ainsi et comment établir des limites saines qui vous aideront à aller de l’avant tout en respectant vos sentiments.
Question:
Je rentre tout juste de la pire fête de l’Action de grâces que j’ai connue. J’ai deux enfants en bas âge qui ne sont pas vaccinés contre la COVID. Nous avons un mode de vie très consciencieux pendant la pandémie et nous respectons toutes les mesures de sécurité. Ma belle-famille a invité des amis et des inconnus à notre souper familial de l’Action de grâces. J’ai exprimé mes préoccupations au sujet de la sécurité de mes enfants. Ils ont fait fi de mes préoccupations, ont poursuivi leurs préparatifs, et ont autorisé toutes ces personnes supplémentaires à entrer dans la maison. Notez qu’il existe actuellement une règle supplémentaire concernant le nombre de foyers dans certaines régions sanitaires. Il y avait 22 personnes de 9 foyers différents. Les enfants et moi sommes restés au sous-sol toute la soirée. J’ai pleuré toute la nuit après la fin de la soirée. J’ai pleuré pour tellement de raisons différentes, de la peur que mes enfants attrapent la COVID au manque de respect flagrant que j’ai subi de la part de cette famille. Comment oublier et aller de l’avant? Je pense à cette soirée chaque heure du jour.
Janna Comrie:
Il est malheureux de voir à quel point la pandémie de la COVID a donné lieu à des situations au sein de nombreuses familles où certaines personnes pensent d’une certaine façon et ne respectent pas les autres qui eux ont des opinions différentes. Lorsque vous dites « oublier et aller de l’avant », je suppose que vous voulez savoir comment vous pouvez vous joindre aux prochaines vacances avec vos beaux-parents? En ce qui vous concerne, je pense qu’il faut que vous reconnaissiez que si vous êtes chez quelqu’un d’autre, tout ce que vous pouvez contrôler, c’est vous. Si vos hôtes ne tiennent pas compte de vos sentiments, vous ne devriez peut-être pas aller chez eux quand vous savez qu’il y aura du monde, mais devriez prévoir une autre journée pour passer du temps ensemble. Vous pouvez aussi choisir de rester pendant une courte période en portant un masque, mais de partir avant le repas. Ou peut-être pouvez-vous y allez et si les choses s’éloignent trop de votre zone de confort, prévoyez une stratégie de sortie avec votre partenaire. Ou bien vous décidez simplement de ne plus y retourner. Nous ne pouvons pas contrôler ce que les autres pensent ou ressentent. Nous pouvons seulement contrôler nos propres pensées et actions. Il est important que vous ayez toujours une échappatoire pour vous permettre de vous sortir d’une situation potentiellement nuisible, qu’elle vous soit nuisible sur le plan physique, psychologique ou émotionnel. Dressez une liste de ce que vous pouvez faire, songez au plus grand nombre d’options possible. Discutez de cette liste avec votre partenaire, si possible, et voyez s’il peut trouver d’autres idées. Soyez créative! Vous disposerez ainsi d’options et pourrez décider laquelle vous convient le mieux, à vous et votre famille, si une situation semblable se reproduisait.
Question:
Ma fille traverse une période difficile dans sa relation personnelle et elle compte sur moi pour l’aider, alors elle me raconte les détails. Le fait que je ne puisse pas l’aider à régler le problème me cause énormément d’anxiété, et je pense constamment à la façon dont je pourrais l’aider, à ce que je peux faire, et j’ai l’impression d’être tellement impliquée que cela me dévore de façon maladive. Que puis-je faire pour atténuer cette anxiété?
Janna Comrie:
Il peut être si difficile de voir un enfant traverser une épreuve difficile, quel que soit son âge. En tant que parents, nous passons beaucoup de temps à enseigner tout sur tout à nos enfants, des leçons de vie aux bonnes manières. À un moment donné, il faut leur faire confiance pour qu’ils se débrouillent ou qu’ils sollicitent l’aide d’un professionnel pour régler leurs problèmes. Si cela vous dévore, il semble qu’elle devrait parler à un professionnel. Vous voudrez peut-être essayer de lui expliquer que vous l’aimez, que vous voulez ce qu’il y a de mieux pour elle, mais que la situation vous dépasse et vous cause de l’anxiété. Il est peut-être temps de lui recommander de solliciter une aide professionnelle. Vous pourriez même faire une partie du travail préparatoire en cherchant des fournisseurs de soins de santé mentale basés dans sa région. Ensuite, si elle recommence à vous parler de ses problèmes, vous pouvez lui demander si elle a appelé les professionnels dont vous lui avez parlé ou dire que vous ne savez pas quoi faire pour elle à ce stade, mais qu’un professionnel pourrait sûrement l’aider. C’est une façon douce de maintenir une limite qui vous donne l’occasion d’écouter tout en supprimant l’attente, pour vous deux, selon laquelle vous saurez d’une façon ou d’une autre comment régler son problème.
Question:
Mon partenaire traverse une période difficile, une période de transition liée à sa carrière, et il a de la difficulté à prendre une décision importante. Cette décision me touche aussi. Je souhaite son bonheur, mais ce changement pourrait me rendre malheureuse. Cela peut sembler égoïste, mais s’il fait le mauvais choix, on ne pourra pas faire marche arrière. Je veux lui apporter mon soutien, mais l’inconnu me fait peur, je suppose.
Janna Comrie:
La peur de l’inconnu est un phénomène très répandu! Il peut être très difficile de commencer une nouvelle aventure sans savoir à quoi elle ressemblera, si elle sera couronnée de succès et gratifiante. Sans plus de détails, il est très difficile de vous fournir des stratégies très précises qui répondront à votre situation, alors je vais vous donner quelques éléments généraux qui vous donneront matière à réfléchir. Souvent, lorsque nous pensons à l’avenir ou à une source de peur, nous nous retrouvons bloqués à un moment donné et nous nous disons que si cette situation en particulier a lieu, c’est que nous sommes dans le pétrin. Allez-y! Que feriez-vous s’il s’avérait que ce n’est pas la bonne décision? Comment gérerait-il la situation? Comment la géreriez-vous en tant que couple? Que feriez-vous pour redresser la situation ou y remédier? S’il ne pouvait pas faire marche arrière, pourrait-il changer de direction en se déplaçant latéralement? Ses compétences sont-elles transférables? En répondant à ces questions, vous dépassez souvent le point de blocage, c’est-à-dire la situation de pétrin dans laquelle vous vous trouvez. Vous voudrez peut-être aussi examiner la question de savoir à quel point le bonheur compte pour vous deux. Quelle est la façon de l’atteindre pour chacun d’entre vous? Y a-t-il des moyens grâce auxquels vous pouvez tous les deux atteindre le bonheur tout en vous sentant en sécurité? Quels pourraient-ils être? Faites preuve de créativité dans la résolution de problèmes. D’après mon expérience, lorsqu’un partenaire sacrifie son bonheur pour celui de l’autre, le ressentiment s’ensuit souvent et mine complètement la relation.
Question:
Bonjour, Janna! De temps à autre (à intervalles irréguliers), la tristesse m’envahit. Je suis tellement triste qu’il suffit d’un rien pour que je me mette à pleurer. Toutes les situations tristes et stressantes que j’ai vécues il y a des années remontent à la surface en même temps, en plus du stress et de l’anxiété des deux dernières années. Parfois, il faut des heures ou même des jours pour sortir de ce nuage. Au travail, je réussis à afficher un visage réjoui pour dissimuler ma tristesse, mais lorsque je quitte mon milieu de travail, les pensées et les émotions réprimées me rattrapent. Avez-vous des conseils sur la façon d’améliorer mon état d’esprit et mon (dés)équilibre émotionnel? Merci.
Janna Comrie:
On dirait que vous êtes vraiment douée pour dissimuler vos sentiments derrière un visage réjoui! Compte tenu de ce que vous avez dit, il me semble que vous devriez peut-être traiter ces événements du passé et les laisser derrière vous. Tout conseil que je vous donnerais pour vous aider à mettre tout cela sous le tapis ne réglerait pas le problème sous-jacent ou les problèmes qui, semble-t-il, existent depuis beaucoup plus longtemps que nécessaire. Je vous suggère de parler à un professionnel de la santé mentale pour régler ces problèmes et les laisser derrière vous afin que vous n’ayez plus à dissimuler vos sentiments. Il est toujours plus facile de le faire lorsque vous êtes en meilleure posture et plus difficile lorsque vous ne faites que tenir le coup. Je vous suggère donc de fixer un rendez-vous et de communiquer avec un professionnel. J’espère que tout se passera bien!
Question:
Comment savoir quand il est temps de s’absenter du travail et de prendre un congé afin de pouvoir remettre les pendules à l’heure? C’est ce que je souhaite faire, mais je ne sais pas si ma demande serait considérée comme légitime et ce que l’on penserait de moi si je posais la question.
Janna Comrie:
Souvent, vous savez qu’il est temps de vous absenter du travail lorsque votre vie personnelle est gravement perturbée et que votre travail commence à en pâtir également. Les clients se présentent souvent avec d’innombrables difficultés qui vont de la dysrégulation émotionnelle aux troubles du sommeil en passant par les difficultés d’interaction avec leurs proches. Je pense que la plupart des gens savent quand leur santé physique et émotionnelle est en mauvais état. Et sans elles, il est très difficile de bien fonctionner dans la vie, peu importe le domaine! Il pourrait être utile de parler de votre situation et de vos difficultés particulières à un professionnel de la santé mentale. Les professionnels peuvent souvent fournir des conseils et des stratégies pour vous aider à surmonter vos difficultés.
Question:
Comment soutenir un collègue qui vit une crise d’anxiété ou de panique au travail?
Janna Comrie:
Voilà une excellente question! S’il s’agit d’une personne que vous connaissez qui souffre de crises de panique, vous voudrez lui demander quelles stratégies elle utilise elle-même pour y mettre fin. Comme les gens n’utilisent pas tous les mêmes stratégies, le fait de savoir à l’avance facilite les choses. L’astuce consiste à les aider à se concentrer sur autre chose que les sentiments terribles associés à la crise de panique. Si c’est la première fois, j’encourage souvent mes clients à bouger, à se lever et à marcher, à danser dans la pièce, à faire des exercices physiques (sauts avec écart ou même des rotations des bras et des squats). Le fait de bouger stimule le système cardiovasculaire et permet souvent de mettre un frein à la crise de panique. Vous pourriez inviter votre collègue à respirer avec vous ou même à chanter. La plupart du temps, les victimes de crises ne veulent pas prendre ces mesures sur le moment. Mais faites preuve de douceur et encouragez-les (p. ex. en disant des choses comme « Tu peux le faire! ») et ils réussissent ainsi souvent à se calmer beaucoup plus rapidement.
Question:
Avez-vous des conseils, des ressources ou des livres à nous recommander pour faire face à l’anxiété liée à la santé et la surmonter? La question ne concerne pas seulement la pandémie de la COVID. Je souffre de cette anxiété depuis des années.
Janna Comrie:
L’anxiété liée à la santé peut être un problème épineux, surtout si vous avez des antécédents familiaux de problèmes de santé ou si vous êtes au beau milieu d’une pandémie! La peur de la maladie peut être paralysante. Il existe de nombreuses ressources excellentes au sujet de l’anxiété en général. Il y a deux livres qui, selon moi, réussissent bien à mes clients: Penser moins pour être heureux de Steven Hayes, et Overcoming Health Anxiety d’Owens et Antony (en anglais uniquement). Ces livres vous aideront à considérer différemment l’anxiété que vous ressentez par rapport à votre santé afin que vous puissiez être raisonnablement inquiet sans que les pensées anxieuses ne prennent le dessus. J’encourage également les clients à se pencher sur l’origine du problème. Qu’est-ce qui a pu contribuer à leur peur de la maladie? Et comment la réaction naturelle ou physiologique du corps face à l’inquiétude contribue-t-elle à cette peur ou exacerbe-t-elle cette peur? En comprenant ces aspects, on peut souvent surmonter cette peur et trouver un équilibre aux préoccupations liées à la santé.
Question:
Comment surmonter la peur de l’échec pour prévenir toute répercussion sur l’emploi, les relations et la vie à l’avenir?
Janna Comrie:
Voilà une lutte que l’on rencontre tellement couramment. Souvent, on a appris aux gens que s’ils ne font pas une chose parfaitement, c’est un échec; et que s’ils échouent, c’est parce qu’ils n’étaient pas suffisamment intelligents, qu’ils n’avaient pas fait suffisamment d’efforts ou qu’ils n’étaient pas suffisamment bons. L’échec est un aspect si important de l’apprentissage. En tant qu’êtres humains, nous apprenons généralement par la répétition et la pratique. Songez à l’apprentissage du vélo ou du patin à glace. Nous ne réussissons souvent qu’après plusieurs essais. Mais à chaque essai, nous apprenons ce que nous avons « mal » fait ou les détails sur lesquels nous devons nous concentrer pour « bien » faire. Avoir peur de « mal » faire les choses augmente votre anxiété. Par conséquent, vous êtes plus susceptible de ne pas réussir à faire quelque chose. Justement parce que vous êtes anxieux! Une façon de surmonter la peur de l’échec est d’établir des attentes raisonnables avec vous-même lorsque vous vous lancez dans une nouvelle activité. Ce que vous espérez apprendre après le premier jour, la première semaine et le premier mois. À la fin de chaque journée et de chaque semaine, plutôt que de vous concentrer sur ce que vous n’avez pas encore appris, demandez-vous : qu’ai-je appris? Qu’ai-je pratiqué? Dans quel domaine suis-je un peu plus à l’aise? Lorsque vous vous rendez compte que vous apprenez, la peur de l’échec a tendance à s’atténuer.
Question:
Lorsque je dois composer avec un traumatisme du passé, de nombreuses couches sont en jeu. Si je consulte un professionnel qui travaille activement à m’aider à m’améliorer, avez-vous des conseils pour m’aider à guérir qui portent sur les causes du traumatisme?
Janna Comrie:
Je suis très heureuse d’apprendre que vous consultez un professionnel! Il est très difficile de parler des causes du traumatisme, car chaque traumatisme est différent et vécu différemment par la personne. Cela dit, je pense qu’il est très utile de comprendre la façon dont le corps et l’esprit essaient de vous protéger lorsque vous avez vécu un événement traumatisant. Sur le plan physiologique, votre corps change après le ou les incidents pour essayer de s’assurer que vous ne les revivez plus jamais. Comprendre que votre corps interprète une situation comme un moment de vie ou de mort et qu’il essaie de vous protéger lorsque vous avez une crise de panique ou un retour en arrière, par exemple, vous aide à ne pas avoir aussi peur lorsque vous ressentez certaines choses physiquement. Le fait de ne pas avoir peur de ce que fait votre corps facilite le traitement des expériences vécues.
Janna Comrie, MA, Psychothérapeute agréée est la directrice de la Comrie Counselling Corporation située en Ontario, au Canada. Elle est titulaire d’une maîtrise en psychologie de l’orientation et a effectué des recherches dans les domaines des sciences du cerveau, du comportement et cognitives. Depuis plus de 15 ans, elle aide des personnes, des couples et des familles qui ont vécu des situations traumatisantes. Son équipe de psychothérapeutes agréés offre un soutien considérable aux premiers intervenants et à leurs familles.