Le TDAH est bien plus qu’un diagnostic; c’est un reflet du spectre de la neurodiversité et des différentes façons dont le cerveau de chacun fonctionne et traite ses expériences. La Semaine de célébration de la neurodiversité est l’occasion idéale de souligner les forces et les défis des personnes ayant un trouble comme le TDAH, tout en abordant les préoccupations en lien avec le risque accru de consommation de substances. Pour faire la lumière sur ce lien complexe, nous avons fait appel à Julie Perkins, accompagnatrice virtuelle et experte de gestion des troubles liés à la consommation de substances d’ALAViDA Consommation de substances, un produit de LifeSpeak inc. Elle propose de précieux conseils et du soutien pour les personnes atteintes et leur famille.
Le trouble déficitaire de l’attention avec hyperactivité (TDAH) est un trouble neurodéveloppemental qui touche des millions de personnes dans le monde. Il se caractérise principalement par des tendances persistantes d’inattention, d’hyperactivité et d’impulsivité. L’intensité de ces caractéristiques varie d’une personne à l’autre, mais crée souvent des difficultés sur le plan personnel et professionnel.
En voici un résumé :
Des recherches continuent d’indiquer que les personnes ayant un TDAH sont plus susceptibles de consommer des substances que les personnes neurotypiques. Plusieurs facteurs contribuent à ce risque accru :
Les personnes ayant un TDAH peuvent vivre des difficultés courantes, faisant en sorte qu’il leur est plus difficile de fonctionner de façon efficace en contextes sociaux et professionnels. Que ce soit au chapitre scolaire, professionnel ou social, ces difficultés peuvent se traduire par une faible estime de soi et un sentiment d’échec. D’ailleurs, les sentiments d’inadéquation ont tendance à inciter les gens à vouloir consommer pour engourdir leur douleur. La consommation leur procure un sentiment accru de contrôle et de normalité.
Il n’est pas rare que le TDAH coexiste avec d’autres troubles de santé mentale, comme l’anxiété, la dépression et le trouble oppositionnel avec provocation. La combinaison du TDAH et d’autres difficultés sur le plan de la santé mentale risque de mener à des sentiments d’inadéquation et à une forte motivation de s’automédicamenter. C’est ainsi que se développe le risque de consommer pour composer avec le tout.
Traiter le TDAH dès un jeune âge peut grandement réduire le risque de développer un trouble lié à la consommation de substances. L’intervention précoce peut retarder la consommation de substances et améliorer les résultats globaux. Voici quelques étapes cruciales à envisager.
Certaines personnes présument qu’il est dangereux de prendre des médicaments. En réalité, c’est le contraire; les gens ayant un TDAH qui prenne des médicaments en respectant la posologie sont moins susceptibles que leur contrepartie sans médication à consommer de l’alcool ou des drogues à des fins non médicales. Des études démontrent que les personnes traitées avec des stimulants à l’enfance et à l’adolescence sont également moins susceptibles de consommer des substances comparativement à ceux qui n’ont pas reçu de traitement. En d’autres mots, un traitement efficace du TDAH est une protection puissante contre le mésusage de substances.
Il est essentiel de traiter les troubles de santé mentale coexistants. Cela peut aider à réduire le risque global de consommation en traitant de la détresse émotionnelle sous-jacente qui risque de favoriser l’adoption de comportements d’automédication. Ainsi, un mode de vie sain peut grandement réduire le risque de consommation de substances en traitant les symptômes de base.
Les symptômes de TDAH peuvent également s’estomper avec de simples activités comme la respiration profonde et la méditation. Ces outils ont tendance à aider à la gestion du stress et à la concentration.
Les personnes ayant un TDAH ont besoin d’un bon réseau de soutien. Il peut donc être très utile de s’entourer de gens qui aident à déceler les signaux inquiétants. Un bon réseau de soutien se compose de membres de la famille, d’amis, de professionnels ou de groupe de soutien en personne ou en ligne. Il peut apporter une certaine stabilité émotionnelle, prodiguer des conseils, et servir de partenaire d’imputabilité. De plus, il peut fournir du renforcement positif et encourager de saines stratégies d’adaptation.
La TCC et les pratiques de pleine conscience peuvent vous aider à développer des aptitudes pour gérer les symptômes du TDAH. D’ailleurs, la TCC peut aider les gens à mieux contrôler les comportements impulsifs en leur apprenant à confronter et à gérer leurs pensées de façon saine. En voici des exemples :
L’éducation et la sensibilisation sur le TDAH en général peuvent grandement contribuer dans la lutte contre le mésusage de substances. Comprendre les symptômes aidera les gens à les reconnaître et à les gérer dès qu’ils surviennent, pour ainsi réduire la probabilité qu’ils consomment comme stratégie d’adaptation. En outre, l’éducation réduit la stigmatisation en lien avec le TDAH et encourage les gens à aller chercher de l’aide sans craindre le jugement.
Être bien informé nous permet de défendre nos intérêts et de nous procurer des mesures d’accommodement pour mieux réussir et être moins incités à engourdir nos émotions par des stimuli externes. C’est aussi ce qui nous donne les connaissances nécessaires pour prendre des décisions personnelles plus saines et éviter d’adopter des comportements dangereux.
Les personnes ayant un TDAH doivent être conscientes des milieux ou des groupes sociaux où la consommation est répandue et les éviter lorsque possible. Renforcer la prise de décision, apprendre à ne pas céder à la pression par les pairs et exercer son affirmation de soi aide à éviter d’être pris au dépourvu.
Certes, les personnes ayant un TDAH présentent un risque accru de consommation, mais cela ne signifie pas nécessairement un mésusage de substances. Cependant, avec la bonne approche, elles peuvent s’épanouir, sans mésusage. La meilleure façon d’y arriver est d’élaborer un plan qui intègre la médication, les interventions comportementales, la thérapie et un mode de vie sain.
À propos de l’auteure : Julie Perkins est infirmière bachelière, coach virtuelle et experte en troubles de consommation de substances d’ALAViDA, un produit de LifeSpeak inc.
Elle a œuvré dans une variété de contextes hospitaliers, notamment les soins d’urgence, la pédiatrie et la traumatologie. Elle travaille comme infirmière pour Service correctionnel Canada depuis 2010, où elle se spécialiste dans les soins aux personnes incarcérées dans un établissement fédéral et aux prises avec des problèmes de santé mentale et de consommation de substances. Elle est actuellement responsable du dépistage et du suivi du TDAH dans cet établissement. Dans le cadre de ses fonctions, elle a d’ailleurs mis en œuvre le programme Smart InsideOut, un programme axé sur la TCC pour les troubles liés à la consommation de substances en milieu correctionnel, et elle dirige des réunions hebdomadaires pour les détenus sur des questions liées à la dépendance.