La santé mentale des noirs compte : aborder les répercussions mentales et physiques du racisme et des préjugés raciaux contre les noirs

Les traumatismes du racisme dirigé contre les Noirs, de la brutalité policière et des facteurs de stress liés à la crise sanitaire de la COVID-19 combinés ont empiré en un rien de temps. Et bien que ce traumatisme ne soit pas nouveau en Amérique du Nord ou ailleurs, ce n’est que maintenant que nous prêtons attention aux conséquences que cela a sur notre santé mentale à titre collectif. Nous appellerons cela la santé mentale des Noirs, car c’est un cas à part. Le traumatisme est unique, les expériences sont diverses, mais elles sont culturellement pertinentes pour chaque personne noire dans le monde, peu importe le pays ou la culture.

En général, la santé mentale se réfère à différentes choses pour différentes personnes selon la relation qu’elles ont nouée personnellement avec le stress, la santé et la spiritualité. On ne compte plus les exemples de ravages que le racisme dirigé contre les Noirs a causés à toute une population. Les Noirs ne peuvent pas s’offrir le luxe de ne pas prêter attention à ce qui se passe autour d’eux, car historiquement, cela s’est avéré être une question de vie ou de mort. Ce qu’il faut rappeler aux gens, tout particulièrement en ce qui concerne l’expérience vécue par les populations noires, c’est qu’il n’y a pas de solution universelle. C’est certainement le cas sur le plan de leur santé. Des stratégies culturellement pertinentes se sont révélées plus efficaces que d’autres, et j’aimerais en souligner ici quelques-unes.

REPOSEZ-VOUS SUR LES SOINS COMMUNAUTAIRES

Vous ne pouvez pas surmonter ce traumatisme en vous cachant, en subissant sans recourir à un exutoire, en étant gêné de partager ou de libérer toute cette énergie négative. Laissez-vous aller auprès de ceux qui sont là pour vous. Le moment est venu de trouver une autre personne qui traverse ce que vous traversez, qui peut comprendre vos expériences et avec qui vous pouvez avoir une discussion approfondie sur vos émotions, vos réactions, vos besoins et vos frustrations. Il peut s’agir de voisins, d’amis, de collègues ou de thérapeutes noirs œuvrant près de chez vous. Assurez-vous simplement d’avoir cette discussion, de bénéficier de soutien pendant que vous le faites et d’être à l’aise dans ces espaces de discussion.

NE SOYEZ PAS ÉGOÏSTE : PRENEZ SOIN DE VOUS

Pour bon nombre de parents et de femmes, l’idée de se donner la priorité est étrangère. Mais il est important de comprendre que si vous ne prenez pas soin de vous-même, peu importe la façon qui vous convient, vous ne pouvez pas prendre soin des autres, et vous vous épuiserez émotionnellement. Donc, si vous voulez être présent pour votre communauté, vos collègues, vos voisins qui ont eux aussi du mal à joindre les deux bouts, ou vos enfants qui ont besoin de vous maintenant à 150 %, vous avez tout intérêt à prévoir 10, 15 ou 60 minutes pour recharger vos batteries lorsque vous en avez besoin.

Parfois, il s’agit peut-être simplement de sortir faire une promenade pour vous changer les idées afin de repartir du bon pied. Ou parfois il s’agit de vivre une aventure, à l’occasion de laquelle vous expérimentez de nouveaux stimuli, de nouveaux sons, de nouvelles esthétiques, ou un nouvel environnement pour vous ressourcer.

Bref, si vous êtes stressé, reprenez votre souffle. Vous avez le droit et le devoir de prendre soin de vous-même.

LES RÉACTIONS AU TRAUMATISME ET LES MÉCANISMES D’ADAPTATION PEUVENT VARIER

Chacun d’entre nous jouit d’une personnalité unique et nous sommes tous outillés de capacités et de connaissances à divers degrés. Nos réactions émotionnelles sont le reflet de cette variété, tant dans les situations positives que négatives. Lorsqu’un groupe de personnes a été forcé à maintes reprises d’adopter un comportement de survie, les réactions à ce traumatisme couvrent toute la gamme d’émotions possibles, pouvant aller de l’apathie à la culpabilité, de la peur à l’épuisement, de la colère à la créativité diminuée, à l’antagonisme… et j’en passe. Les outils qui conviennent à ces mêmes personnes qui doivent composer avec le traumatisme du racisme dirigé contre les Noirs sont tout aussi diversifiés.

Les experts parlent souvent de trouver la paix dans tout ce chaos, mais le maintien de cette même tranquillité d’esprit exige des stratégies qui vous conviennent expressément, à vous et à votre mode de vie.

Voici six façons de soutenir votre propre santé mentale en période difficile :

• Reconnaissez la difficulté de la situation dès maintenant. Cessez de jouer avec les émotions négatives que vous ressentez et laissez-les être ce qu’elles sont. Il n’y a pas de mal à ressentir ce que vous ressentez. Accordez-vous un peu de grâce.
• Pour diminuer l’anxiété ressentie, parez-vous en garantissant une alimentation quotidienne à base d’aliments sains et de vitamines, en faisant une activité physique que vous aimez et en vous dotant d’un plan médical dans lequel vous avez confiance.
• Déterminez les endroits et les personnes qui vous permettent de libérer vos émotions et utilisez cette énergie négative pour vous adonner à quelque chose de positif et de revitalisant, comme les groupes de soutien, les arts martiaux, la randonnée en pleine nature, le sport, l’écriture, le travail communautaire et l’aide aux autres.
• Profitez des lieux et activités non traditionnels comme l’art, la danse, les fermes, les retraites en plein air, les endroits où vous pouvez vous exprimer librement.
• Les pratiques traditionnelles de pleine conscience comme le yoga et la méditation sont parfaites pour certaines personnes, mais peuvent être inutiles pour celles qui sont naturellement introverties et qui s’en tirent mieux lorsqu’elles concentrent leurs énergies et leurs émotions vers l’extérieur.
• Faites preuve de rigueur quant au type de médias et de communications que vous consommez. Nous sommes hyperconnectés et inconsciemment touchés par le flot de messages négatifs qui a un effet profond sur notre capacité de prendre de bonnes décisions, d’être de bonne humeur et de revenir en force après des revers.

Ce qu’il ne faut pas oublier, c’est qu’il s’agit d’une expérience collective que nous traversons ensemble, mais que nous avons tous besoin de différents types de soutien, et ces soutiens existent. Vous devrez peut-être déployer quelques efforts pour découvrir ce dont vous avez vraiment besoin pour vous montrer sous votre meilleur jour. La première étape consiste à vous changer les idées, à aller prendre un grand bol d’air frais, à observer l’étendue de la nature pour rétablir votre niveau d’énergie, puis à ALLER découvrir ce qui vous donne du plaisir.

Il ne fait aucun doute que les mesures de confinement et de distanciation sociale, le fait de ne pas pouvoir voir ses amis et sa famille, le fait de se faire dire que vous êtes une menace pour vos propres parents ou petits-enfants sont des choses très difficiles à gérer sur le plan émotionnel. Reconnaissez la situation pour ce qu’elle est (anormale et difficile), et remplacez ces messages par des choses qui sont normales et faciles. Les mots et les actualités dont vous nourrissez votre esprit sont essentiels à votre bien-être. Et pour ceux d’entre vous qui sont des leaders dans leurs espaces, soyez l’exutoire, la lumière et le guide pour les personnes qui se sentent perdues et qui luttent pour sortir de toutes ces actualités négatives.

Colleen Ward, l’une des femmes que j’admire le plus et avec qui j’ai collaboré étroitement dans le cadre du groupe de travail nord-américain que le Black Professionals in Tech Network (réseau des professionnels noirs du secteur Tech) a mis sur pied, appelle cela « l’épuisement inspiré ». Nous savons qu’il reste du travail à faire, que nous devons aller de l’avant et que c’est épuisant. Mais nous savons aussi que nous ne pouvons pas nous permettre de laisser l’élan s’estomper, et que notre santé mentale est plus importante que jamais. Parce que nous savons aussi que les stratégies que nous utilisons pour changer à jamais le courant de la culture nord-américaine seront inventées précisément par ces personnes autrefois mises au pas.

Heureusement, des répertoires ont été mis au point au Canada contribuant à atténuer la pénurie de thérapeutes sensibilisés aux réalités culturelles, et l’accessibilité à ces derniers.

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